
Depuis plusieurs années, la direction du renseignement de la DGSE a ajouté à la formation des officiers traitants une étape fondamentale pour valider leur cursus et obtenir le précieux sésame. Selon une source haut placée, les recrues doivent désormais réussir une ultime épreuve : s’immerger pendant une journée, et surtout une soirée, parmi des chasseurs, afin de tester leur résistance aux confidences sous alcool.
Le protocole prévoit que l’agent se présente au petit matin, dans une campagne isolée, près d’un rassemblement de Kangoo. Là, il doit participer à une séance de tir, souvent limitée à envoyer des plombs en l’air ou vers les véhicules qui passent trop près. La seconde partie, plus difficile, de l’épreuve se déroule ensuite au bar-PMU du coin. Toujours déguisé en passionné de chasse, le futur espion doit franchir plusieurs obstacles : refuser poliment un sixième verre sans éveiller les soupçons, éviter de commenter la situation géopolitique telle que décrite par ses camarades de soirée et encourager toutes les théories du complot sans sourciller.
« On s’est dit que l’on allait recruter dans les écoles de commerce pour trouver des personnes capable de tenir autant à l’alcool mais nous avons malgré tout besoin de gens qui savent travailler et réfléchir. »
DG Stéphane Elgado – Sans légende
Si, au bout du cinquième jéroboam de pastis, le stagiaire a réussi à préserver son identité et à sortir du bar debout, il pourra enfin goûter la joie de collecter du renseignement et de rédiger des notes que personne ne lira au niveau politique. L’épreuve est ardue, et nombreux sont ceux qui se font piéger en croyant que les chasseurs, lorsqu’ils affirment avoir ‘le flair pour repérer les gens louches’, parlent de personnes à la peau mate plutôt que d’un membre de la DGSE.