Ce matin, une section de l’opération Sentinelle, en patrouille devant l’hôtel de Matignon, a été appelée en urgence à l’intérieur du bâtiment alors qu’elle passait devant la grille du siège du gouvernement. Alors que le Premier ministre en place (article publié à 8h55) à bout de nerfs se tapait la tête contre le vitrage blindé de sa résidence, le passage des six militaires a finalement offert une occasion inattendue de constituer les premiers éléments de l’exécutif resserré qui doit accompagner le dixième gouvernement de la présidence d’Emmanuel Macron.
En moins de vingt minutes, les soldats ont été « formés » à leurs nouvelles fonctions et briefés sur les éléments de langage à répéter lors de leurs futures interviews. Une heure plus tard, chacun avait reçu un costume-cravate à sa taille, ainsi qu’un appel pour compte rendu à leur ancien commandant d’unité, désormais leur subordonné , achevant ainsi de satisfaire ces nouveaux civils.
« Le Ministre des Armées est venu nous donner à chacun un ministère en indiquant que c’était un ordre. Lui aussi a reçu l’ordre d’être Premier Ministre et il n’a pas l’autorisation de désobéir sous peine de cour martiale. »
Caporal Amana TEAMOTUAITAU – Désormais ministre des outre-mer
Les premières déclarations de ces ministres d’un nouveau genre ont suscité une indifférence polie au sein de la population. Les propositions de réforme du budget et de l’Éducation nationale consistaient principalement en séries de pompes et de tractions. À noter tout de même que cette patrouille de la Légion étrangère offre au gouvernement un premier porte-parole à l’accent argentin, rendant l’exercice de la langue de bois étonnamment plus agréable à écouter.